P comme Paul Champain

Abécédaire autour des noix de la justices

Une proposition de Ta Main Camarade
Production déléguée La Grosse Situation
De et par Cécile Delhommeau
Avec la complicité d’Anthony Pouliquen

Résumé

En avril 2020, Didier Boursier demande à Cécile Delhommeau d’écrire la vie de son ami Paul Champain né en 1935. Après 4 années d’entretiens et d’écriture, le livre voit le jour sous le titre « Les Noix de la justice, rencontre avec Paul Champain, paysan vaillant ».

Pour poursuivre les échanges, nous proposons une veillée sous la forme d’un abécédaire.

Au fur et à mesure que le public tire au sort des lettres de l’alphabet, les thématiques du livre sont abordées : syndicalisme, vie familiale, lutte contre les injustices, agriculture de groupe, cultures paysannes… Cette veillée portée par Cécile Delhommeau est l’occasion de raconter des anecdotes, faire entendre des morceaux d’entretiens et des extraits du livre en lecture à voix haute.

P comme Paul Champain, Propriétaire ou Paysannerie, mais aussi comme Partage.

 

Contexte

La paysannerie est plus qu’une thématique de travail. Dans mon parcours, elle est entremêlée au fait même de faire du théâtre. Un des premiers endroits où j’ai pu expérimenter des propositions théâtrales, c’était dans une ferme de mon enfance. Ce lieu dans lequel j’ai aussi été ouvrière agricole, a accueilli des performances clownesques, des mises en scènes de spectacle déambulatoire, des récits. C’est aussi l’endroit où l’équipe de la Grosse Situation a fait sa première résidence pour la création de France Profonde.

Au moment du COVID, ce moment où tout s’est mis à basculer, où nous nous sommes autorisé-es à remettre en question nos métiers, le sens de nos métiers, la façon dont on les exerçait, le monde de la culture, etc, la proposition de Didier de plonger dans la vie de Paul est venue me percuter comme quelque chose de salutaire. D’autant que j’ignorais tout de cette paysannerie militante, en lutte contre l’ordre établi, ancrée dans ce département de la Vendée que j’avais fui pour diverses raisons. Attraper cette rencontre a été pour moi l’occasion d’ouvrir une porte inattendue : j’ai compris que je pouvais me revendiquer de ce bois-là. Dès lors, je me suis amusée à me placer directement en relation de filiation avec Paul. La question de la transmission est parfois complexe. Moi je m’invente que je suis héritière de la sève paysanne de Paul. « La  transmission ne se fait pas toujours là où on l’imagine. On pense transmettre ses valeurs à ses enfants, et on les voit prendre un tout autre chemin. On pense transmettre à celui ou celle qui reprend l’outil de production, et on s’aperçoit que l’état d’esprit n’y est pas. On pense transmettre la musique d’une ferme, et un jour, elle nous devient étrangère. (…) En rencontrant Paul, j’ai découvert une paysannerie ressource à laquelle je peux me référer en disant : elle a existé et je la porte en moi, comme une histoire qui m’est chère. » Il y a donc un livre. Et il y a une causerie à partir du livre.

Car pour moi, cela ne peut pas aller l’un sans l’autre.

Cette causerie est l’essence même de mon rapport aux mots : un rendez-vous public qui s’incarne dans l’instant. Elle peut avoir lieu dans une grange, un hangar, une salle de réunion, une salle à manger. On se rassemble. On partage les récits d’une personne qui

raconte. Et ensuite, on boit un verre, on mange un morceau et les échanges se poursuivent…

Une fois de plus, il s’agit d’un rendez-vous hybride à la croisée de mes savoirs-faire.

L’abécédaire est le cadre. Le fait que les lettres soient tirées au sort de façon aléatoire par le public donne une tonalité toujours différente au rendez-vous. On est dans le présent. Il y a un côté « loto ». C’est un jeu auquel le public est convié. Et dans ce jeu, les mots résonnent. Tantôt émouvants, tantôt drôles, tantôt étranges. À chaque lettre tirée ( que je prends soin d’écrire sur le tableau d’écolier qui est avec moi) correspond un mot. Ce mot, est une clé qui ouvre une porte : je lis un extrait du livre. Ou je raconte une anecdote. Ou je chante. Ou je montre un objet. Ou je fais entendre des extraits sonores de nos échanges. Ou je partage des réflexions… Je donne à entendre un genre de mycellium : une cosmogonie vivante où l’on parle autant de gestes paysans, de caillebottes ou de bottereaux, de maladie d’Alzheimer, de fonctionnement de GAEC, de géographie, de quantité de litres de lait, de bottes en caoutchouc, de coutumes étranges, de PAC, de quotas, de conseil de révision, de propriété ou d’injustice. Sans chercher à rendre compte de l’entièreté du livre, je donne à entendre ce qui me semble nécessaire de raconter. Selon le contexte, je peux appuyer davantage sur tel ou tel aspect.

Les longues soirées d’hiver ont été le terreau des échanges entre voisins et voisines.

Cette causerie se situe dans la même lignée, dans la volonté de continuer à faire vivre un des aspects de cette vie paysanne : la veillée

Durée : 1H

Ta main camarade

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