IGNORER

Le verbe ignorer est curieux. Si j’ignore quelque chose, je suis ignorant ; si j’ignore quelqu’un, je suis méprisant. Alors même que d’ordinaire c’est l’ignorant qui est méprisé. Et si j’ignore un ignorant, je suis doublement méprisant. Mais si j’ignore l’ignorance, je deviens doublement ignorant ? C’est curieux.

J’ignore comment, mais c’est sujet à méprise. Donc c’est bien l’ignorant qui commet une méprise, pendant que le méprisant méprise (c’est plus direct). Mais ne nous méprenons pas : si l’ignorant ignore qu’il est méprisé par le méprisant, le mépris tombe à l’eau, et le méprisant finit dans l’ignorance la plus totale. Tout est bien qui finit bien. Tout le monde est à sa place.

Le mépris s’affiche et l’ignorant s’en fiche. L’ignorant ignoré ignore le mépris de celui qui l’ignore, et ce dernier ignore qu’il s’est mépris. En fin de compte, et quelle que soit la façon dont on tourne la question, c’est l’ignorance qui a le dernier mot.

 

Lien vers l’Agnus letter d’octobre