CHANGER

Je me souviens d’un ânon qui se pensait poète en braillant : « Choses, changez ! » Il a bien fait rire ses congénères. C’est vrai que c’est un truc très humain de croire que les choses doivent changer. En général ils parient même sur une date en particulier : l’an mil, l’an deux-mille, ou plus communément le jour de l’an. Comme si une date pouvait changer en soi quelque chose. Et quand on voit le déferlement d’idiotie qu’ont provoqués les passages de millénaire, pourquoi vouloir reproduire ça tous les ans ? Comment ne pas voir dès lors toute bonne résolution comme une prophétie de cataclysme personnel ? Et toujours à date fixe. Le fameux moment fatidique, rappelons-le, est par définition fatal, c’est-à-dire inévitable et définitif. Alors réfléchissez un peu avant d’arrêter de fumer, ou de vous priver de tout plaisir jugé mauvais. Vous n’imaginez pas ce qui peut vous tomber sur la tête, ni quelles réactions en chaîne cela peut provoquer. Si vous voulez vraiment changer, faites-le quand ça vous chante, comme ça un beau matin, sans trop savoir pourquoi, parce que le ciel est d’une belle couleur ou parce que c’est mercredi. Vous aurez peut-être une chance d’y arriver comme ça.

Allez, bonne ânée quand même !

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