HIVER SOUTERRAIN: LA HUTTE RETOURNÉE

une préhistoire non tirée par les cheveux

Gravées dans nos esprits, à travers les films, les dessins animés, les bandes dessinées, parfois même les cours d’histoire, nous avons des représentations souvent très stéréotypées de celles et ceux qui ont été nos ancêtres. Les idées reçues ont la peau dure.

L’homme de Cro-Magnon était-il vraiment ce mâle dominant tirant sa femme par les cheveux ? Savons-nous vraiment comment vivaient les communautés au Paléolithique ?

Qui peignait ? Qui gardait la grotte ? Qui chassait ?

À l’heure où les scientifiques d’aujourd’hui préfèrent la posture des hypothèses à celle des explications douteuses, il est temps de se défaire des “cela va de soi” pour regarder sans préjugé ce qui s’offre à nos yeux : des gravures, des dessins, des motifs, et avec eux, les gestes artistiques d’hommes ou de femmes qui ont cherché à exprimer quelque-chose. Mais quoi ?!

À Prignac et Marcamp, aux alentours de la grotte de Pair-non-Pair, joyau de l’art pariétal datant de 30 000 ans avant notre ère, nous avons propulsé les spectateur·rices dans un espace-temps où une histoire de hutte retournée racontée dans un interview renverse les cerveaux. Dès lors, à partir de ce point de non retour, on a pu entendre un troupeau de mammouths surgir dans un studio d’enregistrement radio et voir un étrange mégacéros apparaître au milieu de voitures garées sur un parking. On a pu s’émerveiller devant de jolis dessins qui se sont révélés être, après observations approfondies, des vulves gravées il y a plusieurs dizaines de milliers d’années sur des os de chevaux et sur bien d’autres supports. On a été ému d’entendre une grotte sonner de toutes ses parois de pierre par l’intermédiaire d’un musicien percussif. On a été étourdi par les tergiversations d’un comédien qui a tenté maladroitement de se mettre dans la peau d’un homme préhistorique au milieu des vignes. On a découvert à la lueur d’un feu de camp que nos ancêtres femmes avaient senti venir le vent de la domination masculine dès la dernière période glaciaire. On a vibré au son d’un archet sur un violoncelle dans une église désacralisée et ce frottement nous a procuré des sensations érotiques…

Au bout de ce voyage qui transperçait les âges, après un cheminement aux flambeaux en plein mois de janvier, il fallait retrouver ses esprits azimutés autant par des télescopages spatio temporels féroces que par des points de vue radicaux : rien de mieux que le partage d’un bouillon de racines, d’un morceau de poisson séché avec un peu de pain noir et de noix, à l’écoute de la sélection musicale féministe de Black Andaluz.

Cette soirée a retourné nos imaginaires.

 

 

LES DESSOUS DU ROC DE MARCANS
Émission en direct de la grotte des fées

 

 

Avec la complicité d’Einstein on the Beach et l’équipe de la Grotte de Pair non Pair.
Équipe de la Grosse Situation : Alice Fahrenkrug, Bénédicte Chevallereau, Lucie Chabaudie, Cécile Delhommeau, Léa Casteig, Guillaume Grisel, Raphaël Droin, Eva Meignen, Thierry Lafollie, Rémi Philton
Artistes invités par Einstein on the Beach : Toma Gouband, Soizic Lebrat
Équipage de la Grotte de Pair non Pair : Marc Martinez, Stéphanie Richard, Frédérique Lardière

Production : La Grosse Situation et le Champ de Foire