LA LANGUE AU CHAT ?

La chèvre chevrote, le chien aboie, la chatte miaule, l’ ânesse braie, le bœuf beugle, le canard cancane, le cheval hennit, le cochon grogne, le dindon glougloute, l’oie jargonne ou cacarde, le lapin glapit, la brebis bêle, l’abeille bourdonne, le coq chante, le paon braille, le perroquet cause, le pigeon roucoule, la poule caquette, le poulet piaille, le poussin pépie, le rat couine, le serin trille, la souris
chicote, l’ humaine parle:
« Moi, j’étais un peu fermée, au début avec les chats. Et je me suis dit qu’il fallait quand même que je m’ouvre à Crapule, qui était très en demande. Donc quand il vient, je miaule. Mais ils ont plein de
miaulements différents, les chats. Qui n’ont rien à voir et qui sont très musicaux. Quand il miaule quelque chose, j’essaye d’être plus proche de ce que je peux faire et qui ressemblerait à ce qu’il vient de miauler.
Ou bien ça se joue en notes, ou ça se joue en texture de son parce que des fois ils font « Rrrrrrr Rrrrrr », des fois ils font « Miaaw Miaaaw » Donc, je ne sais pas ce que je raconte mais je me dis au moins que je me connecte, c’est à dire que j’adopte, j’essaye d’adopter son langage. Et c’est assez génial parce qu’en fait il me répond autre chose. Et je lui réponds, puis il me répond, puis je lui réponds. Ça prolonge le truc.
Là où tu aurais juste dit: « Oui, je vais te donner des croquettes » ou « Non », tu fermes en fait en mettant que ton langage à toi. Eh bien ça ouvre un truc et je trouve ça génial parce que des fois ça dure quelques minutes et tu ne sais pas ce que tu es en train de raconter mais tu es en espèce de connexion avec un langage auquel toi-même tu ne comprends rien du tout » dit Julie en parlant de son chat Crapule.

« Tu causes, tu causes, c’est tout ce que tu sais faire? » dit le perroquet du film Zazie dans le métro de Raymond Queneau.

Comment en effet comprendre un animal quand on ne parle pas sa langue ? Le perroquet fait-il «Coco ! » parce que son maître l’a dit le premier ? Pourquoi les vaches de Madame W aiment-elles tant la
trompette ? Chacun a sa façon de communiquer avec les animaux qui lui sont proches et les animaux comprennent qu’on s’adresse à eux. Le brrr, brrr de la bergère pour appeler ses moutons, les hue et dia du charretier, les « petit petit petit » à l’adresse des poules. Les exemples de ce type de communication, fait parfois de mimétisme, parfois d’une forme d’espéranto, parfois de syllabes absurdes, sont
innombrables.
Pour tenter de résoudre cette question, Mikaël Plunian et Bénédicte Chevallereau se sont lancés dans une enquête radiophonique. En baladant leur micro dans le village de Pordic en Bretagne, ils ont souhaité donner la parole tant aux animaux qu’aux humains qui les accompagnent afin de nous questionner sur cette relation si quotidienne et en même temps si étrange qu’est la communication entre les espèces.

LIEN PODCAST

Extrait du podcast
Caroline et son cheval Diamant.
« Donc, prenons deux éponges. Prenons deux éponges molles avec de l’eau. Eh bien, des fois, on est complémentaires comme ça. Mais des fois, on n’a rien à voir l’un avec l’autre. Des fois, on ne se comprend pas du tout. Et des fois, on est supplémentaires »

Un projet d’action culturelle de territoire autour de la création de Picolo, requiem pour un âne
Résidence en janvier et février 2024 à Pordic (22)

Production : La Grosse Situation
Coproduction : Chez Robert, centre culturel de Pordic (22)
Et le soutien de la DRAC Bretagne et de la Région Bretagne.

Avec Bénédicte Chevallereau et Mikaël Plunian